Le vocable « temps » est ambigu.
Il est utilisé couramment pour signifier des concepts différents : moment,
durée, chronologie, qui ne disent par ailleurs pas ce qu'il est. Philosophes et
scientifiques s'interrogent depuis des siècles sur sa nature : existe-t-il
indépendamment de nous ? Le temps des horloges, qui se déroule de façon
uniforme, n'est pas le temps psychologique qui, lui, est élastique.
Nous vivons aux niveaux personnel, social et
politique le présent dans sa relation au passé proche et à l'avenir également
proche auquel il est indéfectiblement lié.
Le temps qui tisse nos vies est aussi la
marque que nous portons en nous de l’histoire collective qui nous a précédé.
Sauf à être fondamentaliste, il n'est pas possible de parler de Dieu sans
interroger les mythes, sans être conscient que la Bible ne s'est pas écrite
dans un monde clos et que la plupart des mythes sur laquelle elle repose sont
partagés par d'autres cultures et remontent à des époques beaucoup plus
anciennes.
Le temps qui intervient dans ces récits est
l'idée que s'en faisaient leurs auteurs. Dire que Dieu est hors du temps ou que
le Christ reviendra à la fin des temps n'est pas une information révélée sur ce
qu'est la nature du temps. L'essentiel de notre foi est lié à l'Incarnation qui
signifie que c'est dans le monde que l'on rencontre Dieu.
Les différentes civilisations ou les
différentes philosophies ont eu des conceptions du temps différentes ;
temps linéaire ou temps circulaire ; préexistant ou non… Sans savoir expliciter
la nature propre du temps, la science en utilise une approche mathématisée à
partir de laquelle toutes les branches de la physique se sont construites ;
elle nous donne aujourd'hui une vision de l'histoire de l'univers et de la
place que nous, êtres humains, y occupons. Mais on ne peut oublier que les
théories scientifiques émergent du cerveau des hommes dans un contexte
socioculturel donné : les concepts ont une histoire.
Ce temps qui
tisse nos vies (Lucienne Gouguenheim)
Deux façons de penser le temps, l’une
fondée sur l'éternité et l’autre sur l'histoire sont deux composantes
contradictoires mais inséparables de notre effort pour comprendre le monde.
Nous ne pouvons pas expliquer ce qui change sans le ramener au permanent.
Multiples durées et moments uniques (Réjane Harmand et Françoise Gaudeul)
Le temps qui passe très vite ou qui n’en finit pas de
passer ; celui qui nous manque ou que nous ne prenons pas pour
vivre. Mais aussi l’instant unique, celui qui est là, décisif : « le
temps venu de… ».
Le temps du politique (Anthony Favier)
L’exigence
de résultat n’amène-t-elle pas à surévaluer la temporalité courte ?
Comment inclure le temps long dans nos projets politiques, sans attenter à
l’idéal démocratique de perfectibilité de la société et d’amélioration de nos
existences ?
Mirages et écueils de l’immédiateté (Georges
Heichelbech)
Le
temps est l’horizon à travers lequel nous faisons l’expérience du monde, mais la
modernité semble désormais compromettre les conditions de cette rencontre. Au-delà
de l’emballement de l’innovation technique, c’est l’accélération du réel
lui-même qui est en jeu.
Le temps c’est de l’argent (Lucette Bottinelli)
De
plus en plus d’acteurs, partout dans le monde, s’engagent dans une course
onéreuse pour gagner quelques microsecondes sur
une transaction financière. Bien sûr, pour gagner de l’argent.
Mais avec quelle utilité pour l’économie réelle ?
Un perpétuel besoin de fêtes (Jean-Paul Blatz)
La communion festive répond à des besoins
humains fondamentaux : exorciser les peurs et oublier les préoccupations
quotidiennes. Elle échappe aujourd’hui au contrôle et à la régulation
religieuse et continue à contribuer à la socialisation.
Le temps biblique à l’épreuve de la science et de la
sécularisation (Jean-Paul Blatz)
Que reste-t-il aujourd’hui de l’irruption du
Dieu transcendant dans le temps, rejetée par la science, confinée à la sphère
privée par la laïcisation et de plus en plus ignorée par une société marquée par
la sécularisation et même l’exculturation du christianisme
?
Conception du temps - Diversité et complexité (Jean-Pierre Schmitz)
La
diversité de la conception du temps est un marqueur de civilisation, même si la
mondialisation tend à l’estomper. Temps linéaire en Occident, temps cyclique en
Orient induisent des comportements différents et contribuent à la complexité des relations
Temps de l’histoire et temps du mythe (Jean-Bernard Jolly)
Ne
pouvant arrêter le temps, les hommes structurent le vécu en une histoire qui s’inscrit
dans la permanence. En deçà du début des histoires particulières, le temps des
origines qui est le début de toutes les histoires échappe à la mémoire. Le
caractère mythique de ces récits des origines leur donne une dimension de sens.
Temporalité de la Parole de Dieu (Jean-Marie Kohler)
Le Dieu des traditions juive et chrétienne
s’est radicalement impliqué dans l’histoire de l’humanité. Le mystère de son
incarnation dans le Christ ne s’éclaire pour nous, par delà les dogmes
atemporels qui sont censés en rendre compte, qu’à travers le vécu des hommes.
La nature énigmatique du temps et son approche par la
physique (Christian Larcher)
Qu’est-ce que le temps ? Nous construisons des
horloges. Mais est-ce bien le temps que l’on mesure ? Le temps est-il
son propre moteur, fabriquant des instants toujours neufs, évoluant comme une
plante qui pousse ? Ou bien ne ferait-il que parcourir un chemin déjà
initialement tracé de toute éternité ?
Lucette Bottinelli et Lucienne
Gouguenheim