Il y a peu de temps encore,
l'immigration était à la une des médias. On parlait d'hommes et de femmes qu'on
qualifiait d'immigrés, d'étrangers... Une attention intéressée. Nous étions
alors en campagne électorale. D'aucuns voulaient renvoyer ces envahisseurs
indésirables. D'autres défendaient leurs droits. Et tous donnaient leur avis.
Les républicains et ceux qui l'étaient moins. Les catholiques et les laïcs. Les
élus et les évêques....
Aujourd'hui, les immigrés
n'alimentent plus guère les discussions. Est-ce pour autant que leur existence
est plus sereine, surtout lorsque leur séjour en France est illégal ? Les
expulsions de sans-papiers ont-elles cessé ? L'intégration des immigrés et de
leurs enfants progresse-t-elle ? La xénophobie s'est-elle atténuée ?
Nous ne sommes pas sûrs de
pouvoir donner des réponses positives à ces questions. Mais notre vigilance et
notre engagement pour le respect des libertés et de l'égalité sont toujours
nécessaires afin que la démocratie reste une réalité vivante. D’où l’état des
lieux proposé dans ce dossier pour continuer à lutter contre les préjugés et
les discriminations dont sont victimes les immigrés.
Jean-Paul Blatz
Les enjeux politiques et éthiques des migrations (interview de Catherine
Wihtol de Wendel). Spécialiste des migrations de renom international, cette
politologue et enseignante à Sciences Po Paris nous rappelle les enjeux
géopolitiques et éthiques des migrations. Leurs causes démographiques,
économiques et politiques. Les réactions des pays d'immigration. A quelles
conditions les migrations sont-elles bénéfiques pour les migrants et leurs
hôtes ?
Politiques d’immigration en France et instrumentalisation des étrangers
[Jean-Paul Blatz]. Au niveau économique et politique les migrations sont
soumises à des logiques contradictoires. Le libéralisme prône une libre
circulation de la main-d'œuvre facilement importable en cas de pénurie et
facile à refouler en période de moindre production. Mais les Etats s'en
tiennent toujours à un contrôle régalien de l'immigration. Particulièrement
renforcé en période de crises. L'immigration devient alors un sujet politique
majeur. Certains n'hésitant pas à instrumentaliser les "étrangers"
par des discours populistes et xénophobes, dans une optique électoraliste.
L’actuel gouvernement de gauche est-il plus respectueux des droits humains que
le gouvernement de droite auquel il a succédé ?
Les idées reçues sur les migrations [Françoise Gaudeul]. Il
convient d'abord d'invalider les "idées reçues" sur les migrations.
Celles affichées par certains politiciens d'extrême droite et colportées sans
honte à certains comptoirs de bar. Les immigrés prennent le travail des
Français et ruinent la sécurité sociale. Eux et leurs enfants agressent les vieilles
dames.... Peut-on répondre à ces amalgames irrationnels entre immigration,
chômage et insécurité ? Ne vaut-il pas mieux s'en tenir avec assurance et
fermeté à la réalité : les immigrés rapportent plus à la France qu'ils ne lui
coûtent ?
L’intégration des immigrés [Lucienne Gouguenheim]. La France refuse
le communautarisme. Elle prône l'intégration des nouveaux venus et de leurs
enfants. Par le service public et laïc de l'éducation nationale, par la mixité
de l'habité, par le travail et la vie associative... Pour quels résultats ? Une intégration qui
prend son temps : les constats concernant les conditions de vie sont
généralement défavorables aux immigrés, relativement au reste de la population,
mais ils le sont moins pour les descendants d’immigrés,.
Migrer : un espoir et souvent un drame [Jean-Marie Guion].
Partir pour un avenir meilleur. Un espoir partagé par des millions de personnes
dans le monde. Une issue dramatique pour nombre d'entre eux. Un voyage
périlleux à la merci de passeurs. Quelquefois un refoulement dès l'arrivée dans
un autre pays. Une existence de sans-papiers lorsque de droit d'asile ou une
carte de séjour sont refusés. Une situation de plus en plus fréquente. Une
situation bloquée dans une Europe qui se veut une forteresse. Seule l'opinion
publique pourra faire évoluer la législation actuelle. Par le soutien aux
associations, par la participation aux manifestations qui dénoncent le non
respect de certains droits humains...
L’étranger qui réside avec nous [Paul Ricœur]. En nous rappelant
que la Bible relie l’accueil de l’étranger à la mémoire de l’exil, l’auteur
nous invite à découvrir l’étranger en nous-mêmes. Le hasard qui a commandé ce
que nous sommes, la langue que nous parlons ou le lieu où nous nous trouvons,
commande l’hospitalité.